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FURIE D'ALESIA
En 2019, le Muséoparc d'Alésia en Bourgogne commande à Ohrizon une application de visite des vestiges de la cité gallo-romaine. L'objectif est de redonner vie et substance à ce site capital de l'histoire de France. Il faudra près de 2 ans pour mener bien ce projet ambitieux qui conjugue une reconstitution archéologique de la ville au 2e siècle et une aventure fantastique dans un univers antic punk.
ALÉSIA : Un site peu lisible, des visiteurs un peu perdus.

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Pour les milliers de visiteurs qui franchissent chaque année les barrières du site archéologique d’Alésia, la découverte des lieux peut s’avérer décevante : des allées pierreuses disposées de manière géométrique au milieu d’une étendue herbeuse, aucune élévation visible, de rares panneaux qui viennent donner un peu d’information.
Il y a peu d'éléments qui permettent à l’imagination de prendre son envol.
Un site archéologique de 5 hectares
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À moins donc d’être féru d’archéologie ou de bénéficier de la médiation d’un guide, le site est difficilement lisible. Résultat : la plupart des gens parcourent le site sans s'arrêter, restent moins de 30 minutes sur place et n’en gardent pas un souvenir impérissable. Il y a là une forme d’injustice, car par bien des aspects, Alesia constitue l’un des témoignages archéologiques les plus importants du monde gallo-romain.

Un visiteur un peu trop pressé
Reconstruire la ville antique
Lareconstitution à 360° change avec les saisons

Pour construire cette expérience en réalité superposée la première étape fut de reconstituer en 3D certains quartiers de la ville ( le théâtre, l'aire sacrée, la place publique,etc).

Le Muséoparc souhaite que le visiteur puisse découvrir Alesia telle qu'elle était au milieu du 2e siècle. L'écran de la tablette agissant comme une fenêtre sur le passé.
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Ce travail de plusieurs mois est le fruit d'une collaboration étroite entre graphistes, développeurs d'Ohrizon et archéologues. Il s'est d'abord appuyé sur une campagne d'acquisition par photogrammetrie qui a permis de placer dans un environnement 3D les éléments architecturaux encore visibles aujourd'hui.

Vue intermédiaire qui montre comment les éléments encore visibles aujourd'hui sont associés une reconstitution 3D.
Pour reconstituer les volumes et les matériaux un important travail sur les sources documentaires et archéologiques a été réalisé. Alésia est un site fameux, il a été fouillé à de très nombreuses reprises depuis plus de 100 ans. La littérature scientifique est donc abondante. Ce travail a été mené en collaboration avec un bureau d'études : Salisbury Archéology.
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Des personnages ont ensuite été ajoutés, des scènes de vies récréées afin de donner un support aux commentaires qui accompagnent la visite. Car le but de l'application n'est pas de faire une démonstration architecturale mais de plonger le visiteur dans la vie quotidienne des gaulois .
Le projet a fait l'objet d'un pilotage permanent par un comité scientifique afin que les hypothèses de chacune des vues soit parfaitement en accord avec l'état des connaissances archéologiques actuelles. Jusqu'au moindre détail. Chaque vue est interactive et contient des éléments d'informations audio et textuels.

Une rue commerçante du centre ville
L'ÉCRITURE DE FURIE D'ALÉSIA

Illustration : Philippe Chanteloup
Parallèlement à ce premier volet pédagogique et historique de l'application, le muséoparc souhaitait associer une expérience ludique dans l'esprit d'un escape game.
Carte blanche nous est laissée pour l'écriture de ce scénario. La seule exigence est qu'il doit attirer un nouveau public. Il ne doit pas contenir d'erreurs historiques avérées mais sa vocation n'est pas d'être un outil de médiation. De mon côté, j'avais envie d'entrainer les visiteurs dans une Alésia sombre et fantastique. Et de donner au récit la forme d'une tragédie antique.
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voici le synopsis que peuvent découvrir les visiteurs à l'entrée du site:
Journaliste, vous avez répondu à la curieuse invitation posthume d’un célèbre archéologue à venir enquêter sur une série d’évènements funestes qui a frappé la cité d’Alésia au milieu du 2°siècle. Parcourant les ruines de la cité antique en compagnie d’une Intelligence artificielle, vous exhumerez les fragments d’un macabre fait divers mettant en présence le pouvoir impérial romain, une puissante corporation gauloise et des dieux aujourd’hui oubliés .
Un ancrage historique...et beaucoup de libertés
Bien de que totalement fictionnelle, je souhaitais que l'histoire de Furie s'appuie sur certains éléments archéologiques. Il y a là quelque chose d'infiniment plaisant dans le fait d'Intégrer à une histoire romanesque, vivante, des objets de fouilles ordinairement associés au sérieux muséal . C'est notamment le cas de la table de Martialis . En 1839, cette stèle de pierre est extraite du sous-sol d'Alésia. Banale en apparence, elle indique qu'un certain Martialis a offert en hommage au dieu Ucuetis un bâtiment au nom des forgerons d'Alésia. Ce texte, court, est pourtant le plus long jamais découvert en langue gauloise. Par ailleurs, il confirme que la ville enterrée est bien la célèbre cité où Vercingétorix a rendu les armes face à César. Elle révèle aussi le nom d'un dieu dont nul n'avait connaissance auparavant. Et enfin que le dénommé Martialis devait être assez puissant ou fortuné pour offrir un bâtiment entier à sa corporation de métier. Ce dernier jouera donc un rôle important dans notre histoire. Je décide de faire de lui l'antagoniste déclaré du héros de Furie D'Alésia.

De la stèle de Martialis

...au Martialis de l'app
L'histoire créée par la suite intégrera des éléments factuels, développant l'aspect mythologique sur fond de rivalité politique à un tissu fictionnel à cheval sur deux époques, celle du 2 e siècle d'Alésia et le présent.
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Je me suis inspiré de deux tragédies antiques de Sénèque, Thyeste et Médée, pour donner à la trame principale un parfum d'antiquité. Le héros de furie d'Alésia, Ebérius, est ainsi caractéristique de ces personnages tragiques qui cherchent par tous les moyens à échapper à leur destin et le rendent de la sorte d'autant plus inéluctable.

EBERIUS, fils d'Ucuetis. Héros pathétique

Et sur des éléments archéologiques avérés sur les pratiques sorcellaires et religieuses des gallo-romains. Que l'on retrouvera dans le destin d'Octavia minor, l'héroïne sacrificielle et vengeresse de notre tragédie. Les inscriptions retrouvées dans la tombe du Colosse sont par exemple une adaptation d'une véritable malédiction ( plomb de Chamalières) de l'ère gallo-romaine.
Une malediction caractéristique
de la sorcellerie antique
Enfin pour créer la trame contemporaine de l'histoire, celle qui concerne le Professeur Stokowski , je me suis inspiré du fantasque et très prolifique archéologue du début du XXe siècle, le commandant Emile Espérandieu, dont les fouilles menées à Alésia font encore référence aujourd'hui.

Ernest Stokowski
Une aventure hybride entre l'enquête policière et le jeu d'évasion
Mon souhait était de ne pas faire un escape game classique mais plutôt de raconter une histoire forte dans un espace bien particulier en utilisant certains mécanismes de jeu de l'escape game pour maintenir l'intérêt des joueurs. L'une des contraintes demandées par le Muséoparc était aussi de laisser les joueurs libres de leur parcours et de donc de les laisser découvrir les différentes scènes de l'histoire dans un ordre aléatoire. Le choix de l'enquête policière est une réponse à cette contrainte. Les joueurs découvrent des scènes du passé à 360° dans les lieux où elles se sont produites ( devant l'aire sacrée, dans le quartier des artisans..) et accumulent à chaque fois des indices qui les mèneront à résoudre le mystère initial. Cet approche permet d'impliquer activement les joueurs dans l'histoire et évite que celle-ci se délite dans les parfois longs déplacements qui séparent deux scènes.

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Qui a tué le Colosse d'Alésia ? les joueurs ont 90 minutes pour le découvrir
Enfin, pour créer l'interface avec les joueurs nous inventons une Intelligence Artificielle capable de redonner corps ( grâce à la R.A et à la tablette ) visuellement à des personnages du passé. Et pour ancrer le tout dans cette réalité alternative, nous accueillons le visiteur par une plongée en R.A dans une fausse chambre funéraire couverte de mystérieuses inscription, dont la découverte est corroborée par de faux articles de presse.

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Pour terminer l'aventure, les joueurs doivent compléter intégralement un carnet digital qui récapitule les informations associés à chacun des protagonistes. En fin de parcours , ils sont capable de reconstituer les circonstances de la mort du Colosse d'Alésia. L'ensemble de l'expérience est rythmée par un compte à rebours de 90 minutes.

Les vues à 360° sont interactives. Des indices permettent au joueur de reconstituer la dernière journée du colosse d'Alésia